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Alexievitch - Les cercueils de zinc

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Les vendanges de la mort :

Un Nobel complètement zinzinc !

 

Il y a chez les Nobel comme dans les vignobles, de grandes années. Ainsi, le Château Modiano 2014 en a enchanté plus d'un, mais la vendange 2015, c'est  du solidement charpenté. La lauréate est donc biélorusse, 67 ans, journaliste, bref elle cumule toutes les tares pour Vladimit Vladimirovitch Poutine.. Lui et ses prédecesseurs sont vraiment fâchés avec les Nobel : en 1958, Pasternak l'obtient. Mais l'auteur du Docteur Jivago est contraint de le refuser par le Kremlin. En 1965, Varlam Chalamov est nobelisé par l'académie suédoise. Mais la, ce sont les lecteurs du Don paisible qui 'ont pas eu de chance, l'Occident s'est endormi dessus et moi-même j'ai quitté la galère avant la fin du premier volume,. C'est le Don pénible qu'il aurait du titrer son grand œuvre, le prosateur stalinien. En 1970, on vire de bord et c'est Soljenitsyne qui l'obtient. Papa Brejnev n'est pas content. Et le rescapé du Goulag ne pourra aller chercher son diplôme et son chèque qu'en 1974, après son expulsion de l'URSS. En 1985, pas plus de chance, c'est Joseph Brodsky qui l'obtient, mais il est en exil aux États-Unis dont il  pris la nationalité. Et cette année, c'est une emmerdeuse au long cours pour la Russie qui obtient le Nobel. Une autre épine dans le pied pour Poutine. Les livres de Svetlana Alexievitch  ont pour thème central la guerre et ses sédiments. Elle a consacré l'essentiel de son œuvre à transcrire les ères soviétique et post-soviétique dans l'intimité des anonymes qui l'ont traversée.

 

« Très tôt, je me suis intéressée à ceux qui ne sont pas pris en compte par l'Histoire. Ces gens qui se déplacent dans l'obscurité sans laisser de traces et à qui on ne demande rien. Mon père, ma grand-mère m'ont raconté des histoires encore plus bouleversantes que celles que j'ai consignées dans  "La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement. Ce fut le choc de mon enfance et mon imagination en a été frappée à jamais. »
Elle enregistre sur magnétophone les récits des personnes rencontrées, et collecte ainsi la matière dont elle tire ses livres :
« Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose ... L'Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne ». La première fois que les Nobel consacrent une oeuvre qui n'est pas fiction, th'eâtrale ou poètique. Ce n'est donc plus du raisin que l'on vendange, mais de l'alcool de grain... 

 

Voici donc Les cercueils de Zinc... un livre tellement dur que je me suis senti de livrer l’antidote avec sur un post voisin

 

Pour la première fois, à travers des témoignages de sang et de larmes recueillis auprès de simples soldats, d'officiers, de mères et de veuves de combattants soviétiques morts en Afghanistan, une jeune journaliste d'URSS prenait le risque de briser la loi du silence et de dénoncer la trahison, le mensonge d'une propagande dont a été victime toute une génération aujourd'hui rejetée par la société. La première génération perdue d'URSS, mutilée dans sa chair et dans son âme. Ce livre présente un intérêt exceptionnel à plusieurs titres : c'est tout d'abord un témoignage unique sur la conduite des soldats soviétiques à la guerre et sur les rapports humains au sein de l'armée. C'est aussi la façon dont la population civile, le pays profond a vécu la guerre, et à cet égard, Les Cercueils de zinc est un document passionnant sur la révision morale et intellectuelle qui, au-delà du seul problème de l'Afghanistan, a déchiré le pays. C'est enfin une photographie étonnante de la mentalité russe, qui nous est offerte par une voix courageuse issue de la Perestroïka. L'auteur, après un bref « récit de plus en guise d'épilogue », revient également sur le procès que lui valut la parution du livre en Biélorussie. Svetlana Alexievitch fut en effet violemment accusée d'avoir déformé et falsifié les récits des soldats et de leurs mères. Après quelques extraits de presse de l'époque, le procès est présenté sous forme de « chronique » des auditions, avec les témoignages de l'accusation et des défenseurs de Svetlana Alexievitch, et enfin le jugement rendu. Les accusations, particulièrement celles portées par les mères de soldats et par les témoins mêmes du livre, frappent par leur violence et jettent une lumière nouvelle sur le terrible chagrin de ses femmes pour qui plus s'éloigne dans le temps la guerre d'Afghanistan, plus la mort de leurs enfants engagés dans cette désastreuse entreprise semble absurde. Ces nouveaux textes révèlent à quel point ce livre a paru être une offense à tous ceux pour qui la vérité sans fard sur la guerre d'Afghanistan est un fardeau trop lourd à porter.

 

Le deuxième livre de Svetlana Alexievitch aux éd. Christian Bourgois.



31/10/2015
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