Topor - jachère-party
Le Gai Désespoir Toporien
Fatigué de lutter contre ses démons gris, un auteur choisit de se mettre en jachère - comme d'autres renoncent à la vie. Adieu lecture, bye bye sortie au théâtre, fini le cinéma, des apparences de culture, faisons table rase. Rentrer en soi, s'enterrer dans ses oreillers, dormir à n'en plus finir. Tout laisser tomber. Ne rien faire. Se mettre en jachère. Le narrateur commence par jeter ses livres à la poubelle. Il prend enfin sa revanche sur ces monstres de papier qui l'attaquent sauvagement et lui pompent tout son oxygène. Mais, on le sait tous trop bien, c'est pas facile de se défaire des compagnons de solitude. Et puis, que reste-t-il si on tue les plaisirs qui font passer le goût amer de la vie ?
Topor livre un ultime roman qui lui ressemble. Le héros présente un petit air de famille avec l'auteur. Mais le mot «roman» trône, pour nous contredire, sur la couverture. Donc, il ne s'agit pas d'une confession, mais d'un long mensonge. Le charme d'écrire, c'est pouvoir mentir. Et de nous livrer une suite un peu débridée de conversations de bistrot, car Jachère-Party se lit comme on boit le gorgeon offert par le patron. C'est gratuit. Il n'y a rien à vendre : des idées et des ébauches de nouvelles mises bout à bout, des mauvaises herbes, et ça me plaît assez. Topor fait la fête au discours vagabond. Il saute sur une histoire de génie paumé du sucrier, rebondit dans un lit, dort deux jours de suite, puis met sur la route du jachèronaute un jésuite éthylique et parjure, errant, lui aussi, de dérive en biture. Traqué par la déprime à chaque coin de rue.
"Nous sommes serrés les uns contre les autres, au coude à coude dans la grande piscine, en espérant que personne ne fera de vagues, et que le diable ne viendra pas trop tôt dans les parages évoluer à bord de son Chris-Craft". Ses pensées ne sont guère réjouissantes.Alors, Topor, incurablement pessimiste ou joyeusement désespéré ?
"J'étais plutôt déprimé : il n'y avait plus de chèques, je n'arrivais plus à payer mon loyer, j'étais seul, des gens que j'aimais étaient morts dans l'année. Mais je ne voulais pas faire un livre maussade. Banco, c'est réussi ! Les orteils lui sourient dans le bain. Un tabouret de bar le laisse choir sur le carrelage. Deux inspecteurs de police débarquent dans son salon. Chaque soir, Paris charrie son lot de rencontres curieuses ou désastreuses, et même heureuses - parfois. Les chauffeurs de taxi ne sont jamais ceux qu'on croit.
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