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Chaval - Les gros chiens

 
Chaval de retour

 

Si Dieu a créé l’homme à son image, Chaval le lui a bien rendu. Au centuple. Et avec des intérêts, s’il vous plaît. En trois coups de mine de plomb, la Création est clouée au pilori. Pas de quartier pour l’aïeul académicien, le cousin curé, le neveu toréador, madame et son chien de manchon, le petit dernier qui bave, et ce grand connard en béret qui veut entrer dans la police. La connerie, nous y sommes, le mot est lâché, toute l’œuvre de Chaval va se mettre en orbite autour d’elle.

Monsieur, madame, vous oubliez votre Chaval ! Prénom : Yvan, de son vrai patronyme : Le Louarn, nom typiquement breton bien qu’il fût né à Bordeaux en 1915, ville dont il détestera toujours la morale étriquée et « l’esprit borné de sa vieille bourgeoisie déclinante ». Très vite, il choisit comme pseudonyme Cheval en hommage au facteur de Hauterives, dans la Drôme, constructeur du Palais idéal. Une erreur de transcription typographique et Chaval naquit, jamais il ne tentera de rectifier le tir ; ce coup du hasard le faisait beaucoup rire et permit ultérieurement aux journalistes cossards une kyrielle d’astuces approximatives.

Chaval disposait d’un radar pour détecter le ridicule, d’une baguette de coudrier pour capter l’hypocrisie, les faux-semblants, il haïssait les étendards, tenait dans un souverain mépris les politiciens et leurs magouilles, les militaires et leurs carrières, les foules abruties qui fréquentent les stades, les gros bras et les grosses têtes. Ne pas avoir eu d’enfants lui sembla une de ses plus belles réussites terrestres. Son digne successeur en misanthropie s’appellera Pierre Desproges.

Chaval n’écoutait pas la radio, ne regardait jamais la télévision, ne lisait pas davantage les journaux sinon pour découper soigneusement ses propres dessins dans Le FigaroLe Nouvel Observateur ou Paris-Match. Il aimait Allais, Céline, Queneau, Bierce, la viande rouge, les moroses gaudrioles, la photographie, mais aussi Louis Armstrong, Charles Trenet, Laurel et Hardy, Federico Fellini, Buster Keaton passionnément, et la première bobine de Yoyo de Pierre Etaix, à la folie.

Chaval était neurasthénique, comme on disait à l’époque avec une certaine pointe de bigoterie, autant dire qu’il avait de fréquents accès de déprime qui le mettaient plus souvent qu’à son tour du mauvais côté du balcon. « Le plus noir de ses dessins était encore plus rose que lui-même », confiait un de ses amis. Il croquait volontiers des oiseaux dont émanait une sourde inquiétude, avec leurs pattes monstrueuses, leurs jabots, leurs képis, leurs houppelandes. Lorsque son film Les oiseaux sont des cons fut distingué, le P.D.G. de la chaîne télévisée d’alors, M. Contamine, dut s’acquitter d’un discours où il cita le titre du court métrage de manière fort embarrassée : « Les oiseaux sont… heu… des oiseaux. » Chaval se leva alors, très sérieux, et répliqua : « Merci, Monsieur Oiseautamine ! » Un type décidément très fréquentable...

Les Gros Chiens parut en 1962 chez Pauvert, il n'eut aucun succès. À propos du texte Voyage en Espagne, Chaval reçut même des lettres d'insultes du type : « Moi j'ai été passer mes vacances en Espagne et c'était vraiment très bien ».

 

 

 

 

Les oiseaux sont des cons pour l'éternité

 

La niche des Gros Chiens

 

 



16/08/2012
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