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Evenson - La Confrérie des Mutilés

 

 

 

Franz et Sam sont dans un bateau :
quelle galère mais c'est Brian!
 
Si  vous avez aimé Baby Leg d'Evenson, voici La Confrérie des mutilés, autrement dit le reste du corps : mains, doigts, pieds, orteils livré à la manière d'un puzzle que l'on défait pièce après pièce. Membre après membre. Evenson, toujours ancien prêtre Mormon défroqué mets son roman sous les auspices de l'Évangile selon Saint-Mathieu : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi… Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, arrache-la et jette-la loin de toi… ».
 
On y fait la connaissance de Kline, détective privé,  qui vient de perdre sa main droite, coupée net par le « gentleman au hachoir ». Il a néanmoins réussi à cautériser sa plaie et à tuer son adversaire d’une balle dans l’œil, ce qui lui vaut l’admiration d’une secte de mutilés volontaires qui lui confie une enquête. Commence une descente aux enfers où la mutilation devient la seule monnaie d’échange : la chair contre le savoir.

Depuis Contagion, son premier recueil de nouvelles, Brian Evenson s’intéresse à la schizophrénie, à la lutte entre le bien et le mal. Cet ancien mormon, qui dut choisir entre la littérature et sa communauté, nourrit de ce conflit chacun de ses livres.La Confrérie des mutilés est un roman noir à tendance gothique, la rencontre de Jim Thomp­son, de Franz Kafka et de David Cronenberg. On assiste à des fêtes d’amputation où les protagonistes se tapent gentiment sur l’épaule avec leurs moignons avant d’aller se faire découper un orteil. Le rire libé­rateur répond sans cesse à l’horreur, car Brian Evenson pratique l’humour noir pour rendre tolérable cette farce philosophique. Son détective est un dépressif qui avance dans les flaques de sang en donnant l’impression que rien ne l’atteint. Lors d’un ultime combat, au cours duquel crépitent les flammes de l’enfer, Kline se demande ce qui l’attend demain, dans ce monde sans dieu ni lumière. L’écriture épurée, la tension, la force des images font de ce fantastique roman une œuvre obsédante et vertigineuse.

 
Un extrait comptable digne de Samuel Beckett :
« Gous opina. Il souleva son moignon, se tourna vers Kline.
“Ça, ça vaut un, dit-il. J’aurais pu conserver la main, enlever les doigts un à un et je serais un Quatre aujourd’hui. Cinq sans le pouce.”
Ils attendaient une réaction de la part de Kline.
“Ça ne semble pas très équitable, risqua-t-il.
– Non, mais qu’est-ce qui a le plus d’impact ?reprit Ramse. Un homme qui perd ses doigts ou un homme qui perd sa main ?”
Kline ignorait s’il était censé répondre.
“Je voudrais descendre de voiture, dit-il.
– Il y a Huit et Huit, fit Ramse en négociant un tournant. Personnellement, je suis partisan d’un système prenant en compte amputations mineures et majeures ; selon ce système, je serais un 2/3.
– Je préférerais prendre en compte le poids. Moi je dis : pesez l’organe amputé !
–  D’accord, mais sang compris ou pas ? Et puis, cela ne risque-t-il pas de favoriser les plus corpulents ?
– Il faut établir un barème. Des pénalités, des handicaps. »
Ce livre inaugure une collaboration plus étroite et réjouissante avec Les Hérétiques, puisque La Confrérie est e-publiée sur nos deux sites. Comme Baby Leg l'est avec Hermès Clandestin Serait-ce parce que la lecture d'Evenson est une expérience aussi réjouissante qu'éprouvante?
Peut-être bien... 
 

  

Le livre d'Evenson en un seul morceau

 

 



29/09/2012
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