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Chessex - Portrait des Vaudois - La Confessions du Pasteur Burg et autres récits - Carabas

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Maitre Jacques, avant que Paris soit ouvert...

(ou quand Chessex était Galland !)

 

Il était une fois un ogre qui enseignait français-littérature dans un collège de Lausanne. Il aimait Flaubert, à qui il ressemblerait plus tard, et Maupassant. Il aimait boire et aimait les filles. Il aimait la littérature, aussi. Il écrivait, les pieds bien plantés en Pays de Vaud, la tête à Paris, avec la tripe à l’air et la colère au pourpoint. C’était un emmerdeur, son canton n’en avait pas trop besoin, mais moi je l’aimais bien…

 Il était une fois un Goncourt, qui on le sait aujourd'hui était, un peu au moins, de circonstances, et qui enseignait le français et la littérature au Gymnase de la Cité. Il aimait (vraiment) boire, les filles un peu renardes, Flaubert, à qui il commençait à ressembler et Maupassant, aussi, bien sûr. La littérature l’aimait, puisqu’il en écrivait. Un pied à Lausanne, l’autre à Paris et le cœur dans les bois du Jorat. C’était toujours un emmerdeur, mais il avait “réussi”, du coup sa patrie en avait juste un peu besoin, mais moi, et je savais pourquoi, je l’aimais moins.

 Il était une fois un écrivain qui transmettait l’amour de la langue et de la littérature à une pléiade d’élèves chanceux, qui ne le savaient pas toujours. Il était apprécié de Flaubert, qui lui ressemblait un peu et tous deux aimaient beaucoup le bel ami Guy. Il ne buvait plus, alors qu’il aimait plus que jamais les renardes… mais une seule à la fois. Il avait la paume des pieds à Ropraz, la plante des mains à Paris et l’âme du côté du séjour des morts. C’était un écrivain consacré, au débit onctueux comme un Saint-Honoré, c'était bien le moins quand on est publié rue des Saint-Pères. Mais son pays faisait avec et je le brocardais avec distinction.

 Il était une fois Maître Jacques, un « hauteur » qui s'enGrasset, faisait barrage aux romands littéraires oubliant ses Saintes Écritures où les écrivains d'ici il encensait. Son éditeur vaudois, il avait gommé de sa bibliographie, faisant fi de toute Gallanderie. Je l'aimais mieux jadis en foirée au café Romand qu'enfoiré du roman bien léché.

 Il était une fois un écrivain, en retraite de l’enseignement, qui s’était fait une tête de Flaubert, mais belle et bien peignée. Il avait mis Gustave en abîme, écrit un très beau livre sur Maupassant et grattait les croûtes, mal cicatrisées, des brigands du Jorat. Il était juré au prix Médicis de Paris, chez le Rainier de Monaco,  mais c'est à l'Astrée de Ropraz qu'il prenait ses repas. J’étais un égratigneur, sa province le méprisait, il voulait gifler les rats qui ne l'aimaient pas.

Il était une fois un écrivain debout au milieu des livres, un soir de bise aux confins des brumeuses plaines de l’Orbe. Un médecin l’y attaque, verbe haut, pour avoir pris la défense de Polanski, un Ricain que Dame Helvétie avait engeôlé de la plus félonne des manières. Alors que le carabin montre ses talons : “ce généraliste généralise” ironisa Maître Jacques, avant de s’écrouler au milieu des livres ce neuvième d’octobre de cette neuvième année du siècle, en un soir de bise et de pluie dans la bibliothèque d’Yverdon. Dès l’heur, la Romandie l’encensa, un peu tard peut-être... Avouons que s'agissant de J. C., j'ai plus de tendresse pour l'homme des tavernes que pour l'aigrivin.

 Mais bon, il est, et restera, Jacques Chessex. Ses élèves se souviennent de la chance qu’ils ont eu. C’est un frère de Flaubert mais il fut aussi un noceur, comme Maupassant. Il engrossa la littérature, à laquelle il fit quelques beaux enfants. Désormais, il repose au cimetière de Ropraz, sous une terre où les nuits de pleine lune, passent certainement des renardes. Certes, on le pleure à Paris, alors qu’il serait bien mieux qu’on le lise. Dans ses terres, là où on calvinise, Maître Jacques, maintenant, on le canonise. Quant à moi, il ne saurait me manquer, j’ai ses livres pleins mes rayons, ses lettres pleins mes cartons et des souvenirs à foison.

Mais qu’est-ce que parfois, l’homme fut con…

Pour saluer le Vaudois planétaire plutôt que le germano-pratin qui voulait être le seul suisse romand à Paris après Ramuz, qu'il s'est d'ailleurs amusé à conchier si souvent, voici des livres publiés par Bertil Galland, dont J.C. gommera toute trace dans sa bibliographie "officielle", y compris ce magnifique Portrait des Vaudois, que Galland lui suggéra d'écrire après le succès pharamineux, comme on dit à Lausanne, du Portrait des Valaisans  de Maurice Chappaz. Comme il s'est escrimé des années durant à "empêcher" toute publication d'auteur suisse romand chez Grasset ou même tout couronnement d'un prix littéraire à un compatriote helvète francophone. Il reste des livres baroques et généreux qui, ma foi, n'estompent pas toujours les mauvais souvenirs qu'a laissé en pays de Vaud cet emmerdeur magnifique. 

Donc le Portrait des Vaudois, ici enrichi de quelques critiques parues à sa sortie et d'un glossaire du parler romand et vaudois pour que ne défrise point trop les provinciaux du sixième arrondissement, et d'ailleurs, cette belle langue romande. Et ornée d'un portrait dû à un critique et écrivain vaudois qui joua des lustres durant à l'amour-haine avec J.C. Un mauvais papier et il vous méprisait, un bon et votre prochain livre était superbe... 

Pour continuer, un autre livre publié par Galland, à l'enseigne du Livre du Mois, réunissant quelques textes aujourd'hui introuvables, sauf peut-être La Confession du Pasteur Burg

Et enfin, corrigé, le Carabas dernier livre publié par Galland à l'enseigne des Cahiers de la Renaissance Vaudoise. La grande claque dans le museau que Chessex  fila au Vaudois dans ce livre valu à son éditeur d'être convoqué par cet aéropage réac de notaires, d'avocats et de bien-pensants cacochymes dans un "tribunal" grotesque, et d'en être chassé. Un bonheur ne venant jamais seul, c'est ainsi que naquirent les éditions Bertil Galland sans lesquelles la littérature romande ne serait pas ce qu'elle est : indispensable ! Mais c'est une histoire à suivre... 

 

 En attendant voici Chessex en tri pack mais pas sous cellophane...ainsi qu'a été vendu hypocritement en Suisse son livre posthume, Le crâne de Monsieur Sade,  quatre mois après son décés. Ce qui nous valu un dessin indispensable de Burki, notre Cabu vaudois :

 

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26/08/2015
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