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Topor - Café Panique

 

  

 

"Écoutez gémir les bières en dépression

sur les comptoirs des bars en dépression."

 

Vous êtes déjà allé chez Panique. On vous y a servi du beaujolais. Peut-être un chenas. Au troisième verre, vous avez eu envie de parler à un type au bar, à côté de vous, habillé en marin. Ou en maçon. Ou en vieux con. Mais vous n’avez pas osé. Vous n’osez jamais. Topor, lui, quand il se pose au café Panique, ou dans l’un des  sept ou huit derniers bistrots qui ressemblent encore à de vrais cafés-bars, il parle aux gens. Et il écoute. Des heures. Des nuits. Et après, il écrit. Sans oublier un seul détail. C’est-à-dire presque tout, parce que c’est un sale menteur. Il est pas très grand Topor, il fume la pipe, il a un rire d’obsédé. Il adore les femmes très jeunes. Il est mort depuis quinze ans, il nous manque, mais il est dans le Larousse. Peintre, dessinateur, illustrateur, il est aussi – surtout ? - poète, auteur de chanson,  écrivain, quoi.  Humour noir ? Héritier des surréalistes ? S’il adore le chenas, il a horreur des étiquettes. Fils de juifs polonais émigrés dans les années 20, il est parisien comme on l’était à cette époque, sans en faire un plat. Célèbre dans le monde entier, plagié dans les magazines, accroché dans les musées, le voilà qui se met à raconter – et à dessiner – ses histoires de bistrots. Vous allez donc passer un moment avec Topor – Roland Topor – et son méchant rire de gorge. Bonsoir, adieu, soyez paniqué et faites de beaux rêves.

 

Un extrait :

 

L’histoire de Coude-au-Corps

 

— Il n’y a pas de mystère : plus on boit, plus on pisse !

Voilà ce que prétendait Coudes-au-Corps, avec une véhémence totalement inutile, puisque personne ne songeait à le contredire. Mais Coudes-au-Corps en était à son quinzième ventoux et il commençait à en avoir lourd sur la patate.

— D’ailleurs, on ne boit pas assez, et surtout on ne pisse pas assez.

J’approuvai servilement.

— Quand je pense qu’on fait pisser les athlètes après la compétition, pour le contrôle antidoping, c’est absurde !

Je ne voyais pas très bien où Coudes-au-Corps voulait en venir.

— Pourquoi ? Ils devraient pisser avant ?

— Mais non, rugit-il, pendant ! Pendant ! Comme en Islande !

— Tiens… Vous avez vécu en Islande ?

— Plutôt ! J’ai été champion d’Islande de saut à la perche en pissant.

— En Islande, on pratique tous les sports en pissant, ce qui, bien entendu, décuple la difficulté. Il y a la boxe en pissant, la natation en pissant, la course à pied en pissant… Dès qu’un concurrent cesse de pisser, il est disqualifié.

— Ce doit être passionnant.

Coudes-au-Corps approuva.

— En nocturne, c’est féerique. Les jets illuminés par les projecteurs s’entrecroisent et tressent des arabesques dans l’espace… une merveille !

Il se rembrunit.

— Mais ça peut également devenir dangereux. Moi, j’ai abandonné le saut à la perche en pissant après avoir été bloqué pendant trois heures.

— Bloqué ?

— Oui. À la suite d’une baisse soudaine de la température. J’allais juste franchir la barre quand le jet s’est solidifié. Glacé. Je ressemblais à un drapeau au bout d’un mât. Brrr ! Quel cauchemar. Quand on m’a tiré de là, après trois heures d’efforts, au chalumeau, j’avais attrapé une double pneumonie… Et puis j’ai quitté l’Islande.

Je hochai la tête, rempli de compassion pour l’être chétif qui me faisait face.

— Je ne connais pas grand-chose sur l’Islande… À part les geysers…

— Quels geysers ? Il n’y a jamais eu un seul geyser en Islande. Mais les Islandais sont sportifs, alors ils s’entraînent !

 

Une des chansons de Roland, un diamant avec François Hadji-Lazaro

 

Une histoire de chez Panique

 

Pour lever le coude avec "Deux minutes", Verre en main", "Sans moi"...



15/10/2012
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