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Calet - Poussières de la route

 

Chic ! Un bouquin de Calet…*

 

 Alors que certains plumitifs nous font les poches en publiant leurs fonds de tiroirs, que des veuves abusives impriment sur vélin les notes de blanchisserie de leur cher disparu, goncourisé en 19…et des poussières, ou encore que des fistons préfacent inlassablement l’œuvre de leur paternel à laquelle ils viennent d’ajouter un collier de virgules découvert dans un cahier de moleskine qui sommeillait dans la maison de famille, d’autres plus prévoyant publiaient leurs Œuvres pré-posthumes avant que d’autres ne s’en chargent. Merci Monsieur Musil !

Calet, lui, se dit qu’il vaut mieux passer hériter à la poste que de passer à la postérité. Il tire un peu le diable par la queue et vit de ses chroniques à Combat ou d’autres revues et journaux, des livres qu’il publie et qui ont une certaine audience. Mais il meurt, jeune encore, en 1954, laissant des chroniques de voyage, des inédits, des romans. Quelques poussières de la route que s’acharne à rassembler et à faire publier sa dernière compagne, Christiane Martin du Gard. Robert Doisneau envisage d’en faire les illustrations tant ces textes l’enchantent. mais en 1958, Gallimard renonce à la publication.

Et les poussières de retourner à la poussière. Mais ce n’est pas fini…

En 2002, Jean-Pierre Baril, normalien défroqué par amour pour l’auteur de La Belle Lurette, qui époussète inlassablement l’œuvre de Calet, reprend le recueil, l’enrichit et le préface avec une science et une empathie qui nous dit que l’on a de la chance d’avoir un entremetteur comme lui. Faut dire qu’outre Calet dont il est LE spécialiste, (il passera sa thèse en Sorbonne en 2006), il est aussi docteur ès poussière. Comme Calet, comme vous, comme moi, il doit se nourrir puisqu’il le faut bien, alors il donne dans les petits boulots et se fait une réputation dans la réfection de parquets anciens : "ça bousille le dos, tu mets une semaine à t’en remettre et tu bouffes de la poussière". Mais nous, heureux lecteurs, jamais nous n’auront été aussi heureux d’avoir des poussières dans l’œil.

 

Un extrait :

L’homme des villes n’a pas l’habitude des routes, il les connaît peu ; il les emprunte seulement, quand on l’y oblige. S’il lui arrive, par accident, de s’y trouver, il se sent mal à l’aise, isolé, perdu, vulnérable, comme exposé à de nombreux dangers. Non, il n’est pas fait pour vivre sur les grands chemins. D’ailleurs, personne ne vit sur les routes. On n’y rencontre que des nomades, des trimardeurs, des gendarmes et quelques cantonniers maussades.

Une fois sorti d’un monde à sa dimension, l’homme découvre qu’il est petit, inutile, un peu ridicule même. Un arbre a plus d’importance que lui. Il se pose alors des questions : Qu’est-ce qu’il est ? D’où vient-il ? Où s’en va-t-il ? La nature est trop vaste pour sa personne ; il vague là-dedans comme dans un costume qui ne serait pas à sa taille. Sur la route, il n’est qu’un étranger.

Tandis qu’à la ville, il se croit chez lui, en sûreté. Ses routes sont des rues aux noms familiers. Il ne croise que des gens qui lui ressemblent. La solitude est plus supportable parmi d’autres solitudes. Des trottoirs, des passages cloutés, des signaux multicolores aux carrefours dangereux, des agents à bâtons blancs, des avertisseurs de toute sorte… On le protège. Il a une existence organisée, toute mâchée. Il lui est facile de se cacher dans la foule, de se rendre presque invisible. Il se laisse enfermer dans des usines, des bureaux ; il s’enferme lui-même dans son petit logement ; il ne veut rien voir. Ni les crépuscules du matin et du soir, ni le soleil, ni l’horizon. La terre tourne sans lui.

Il ne manque plus qu’un immense couvercle là-dessus, comme sur une marmite dans quoi l’on cuirait à petit feu. C’est, peut-être, la cité future.

 

 (*… Á ne pas confondre avec un bouquet de câlins, ne dérapons pas, Panik ne met jamais ça en ligne, voyons !) 

 

Un entretien avec Jean-Pierre Baril 

 

Sur la route avec ce bon M.Henri

 

Tout un bouquet de Calet, si vous les avez raté la première fois

 

 

 

 



17/09/2012
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